METAMORPHOSE(S) as regards of the transformation of material. Approach centred on mixed media, texture & shape and their multiple potentialities linked to object, body and space. The form, the aesthetics and the story of each creation rise from an ongoing research on materials and their possibilities.
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En écho au festival de danse D’ici et d’ailleurs, invite est faite à l’artiste et créatrice Ada Rajszys d’investir les espaces d’exposition du Centre culturel Jacques Franck. Mêlant les territoires, une prime passion pour la création contemporaine et une longue expérience dans le stylisme, depuis ses années d’études à l’ENSAV La Cambre, Ada Rajszys donne à vivre un univers volontiers inclassable. L’art y est celui, pleinement affirmé, de la métamorphose et du va-et-vient entre les genres et les frontières. Explorer le potentiel d’associations inattendues, de l’hybride, telles ses toiles mi-œuvres mi-vêtements, ouvre à maints champs exploratoires. Au plaisir visuel et tactile s’ajoute celui de la découverte : observés plus avant, voire portés à même le corps, les tableaux prennent en volume et se déploient dans l’espace. Chacun à sa manière, par ses motifs, sa texture et ses couleurs, réfère à quelque moment de l’histoire de l’art revisité en un présent peuplé de cartes-mères. Les recherches plastiques du faire et de la matière y sont associées aux manipulations informatiques. Ainsi, certains motifs proviennent d’images photographiques recomposées et retravaillées avant d’être posées (‘repassées’ même) sur le support, puis couvertes de pigments. Fleur étrange, corolle écarlate inquiétante, une toile appréhende la domination du paraître et du besoin de consommer sous la forme d’un morceau de viande stylisé, un quartier de chair donné à admirer et à rejeter, sinon les deux à la fois. A l’ère du prêt-à-porter et du prêt-à-jeter, semble convié au devant de la scène celui du prêt-à-regarder et à questionner : devient-on de la viande parce qu’on en mange ou en porte ? Et le féminin dans tout ça ? Déconstruit et maintes fois recomposé, un vêtement devient une sculpture qui, lascive et courbée, prend possession du lieu où elle se pose, aussitôt animé par ses molles tentacules. De petites photos sorties des albums de l’artiste masquent effrontément leurs primes identités et finalités, une fois ensevelies sous des coulées de couleurs : les souvenirs font alors place aux nébuleuses imaginaires propres à chacun. La métamorphose révèle les faces cachées d’un monde aux pieds d’airain, fragile, mutant et perméable, à l’instar des corps humains que l’artiste recouvre de plumes ou de masses de cheveux ouatinées.
Texte : Christine De Naeyer
Secteur Arts plastiques
2012, Bruxelles